Si on a tendance à l’oublier ou à ne pas le voir, il est important de rappeler que selon l’avis de Vir Transport, les métiers liés au transport sont considérés comme des métiers à risque. En effet, les chauffeurs en Haïti sont par exemple soumis à des sauvages agressions, allant du kidnapping au meurtre par des groupes armés. Face à cet alarmant constat, les professionnels ont ainsi décidé de se mettre en grève pour dénoncer des conditions de travail de plus en plus dangereuses mais aussi pour protéger la population locale également exposée à cette violence. Explications sur le contexte des chauffeurs au sein d’Haïti.
Des chauffeurs kidnappés lors de livraison
Plusieurs chauffeurs ont pris la parole pour témoigner du contexte dans lequel ils effectuent leurs missions. Ainsi, un transporteur d’une cinquantaine d’années déclare avoir été enlevé dans le quartier de Martissant à Port-au-Prince lors de la livraison d’une cargaison de produits pétroliers. Un membre de l’association des transporteurs de produits pétroliers, Jacquelyn Jipé, a expliqué que « les ravisseurs exigent 800 000 dollars américains pour la libération de Paul. Ils l’ont enlevé avec son camion-citerne alors qu’il rentrait chez lui après une livraison. Nous sommes livrés à nous-mêmes dans les rues. Personne n’a conscience de notre importance. Nous n’avons pas d’autres choix que d’observer un arrêt de travail ».
L’Association des chauffeurs de produits pétroliers d’Haïti (ACPPH) a également fait publier une note afin d’informer le public mais aussi les propriétaires de pompes à essence : « vu la montée grandissante de l’insécurité sur toute l’étendue du territoire national, qui fait beaucoup de victimes (enlèvement, viols, etc..) et qui décapitalise notre société en payant des rançons, l’association porte à la connaissance du peuple haïtien qu’un arrêt de travail sera observé sur tout le territoire national à partir du 21 octobre 2021, pour dire non au phénomène de l’insécurité particulièrement le kidnapping qui met les citoyens et citoyennes hors de toute liberté ». L’objectif est clair : alerter l’ensemble des acteurs et de la population sur une situation extrêmement dangereuse. Pour cela, les professionnels souhaitent rester en arrêt de travail le temps que la sécurité soit de nouveau palpable et concrète.
Un mouvement collectif pour dénoncer une insécurité croissante en Haïti
Malgré ce mouvement collectif, qui vise aussi bien à protéger les chauffeurs dans l’exercice de leur métier que la population locale, la police nationale et le gouvernement sont restés muets. Pourtant, 16 ressortissants américains ainsi qu’1 canadien avaient alors été kidnappés dans la zone de Ganthier…
La grève annoncée et menée par les syndicats de transports en commun afin de pointer l’urgence sur l’insécurité grandissante, les kidnappings ainsi que la pénurie de carburant dans le pays a paralysé la vie haïtienne pendant plusieurs jours : écoles, commerces, transports en commun, bureaux de l’administration publique ont été à l’arrêt.