Le célèbre tombeau inviolé de Kha et Merit n’a pas fini de révéler tous ses secrets. L’étude des offrandes contenues dans le tombeau se poursuit et, surprise, une équipe d’archéologues est parvenue récemment à faire une découverte pour le moins inattendue… En employant des techniques non-invasives, les archéologues ont réussi à analyser des senteurs et parfums vieux de plusieurs millénaires. Désormais, on sait à quoi ressemblent les parfums de l’Egypte antique. Le point sur le sujet avec Helmi Boutros.

En savoir un maximum sur les rituels funéraires des « personnalités » de l’Égypte antique

C’est tout l’objet de l’étude des offrandes du tombeau de Kha et Merit, découvert le 15 février 1906 par le célèbre égyptologue Ernesto Schiaparelli. Ce tombeau inviolé de très grande valeur a été trouvé sur la rive ouest de la ville de Louxor, au nord de la nécropole de Deir el-Medina. Rappelons que le tombeau qui abrite les sépultures de l’architecte royal Kha et de sa femme Merit est le plus complet et le plus riche jamais trouvé en Egypte… pas dans l’absolue, mais dans la catégorie des ensembles funéraires non-royaux.

Les offrandes découvertes dans le tombeau de Kha et Merit, qui datent de la seconde moitié de la XVIIIe dynastie, ont fait l’objet d’études approfondies par l’équipe d’archéologues et de chimistes de l’Université de Pise en Italie, menée par la chimiste Ilanaria Degao. L’objectif de l’équipe de chercheurs était d’en savoir un maximum sur les rituels funéraires en vigueur pour les personnages considérés de haut rang en Egypte antique, notamment en étudiant les objets que les anciens égyptiens pensaient emporter avec eux dans l’au-delà.

Mission « archéologie invisible »

C’est le nom que les archéologues et chimistes en charge du projet ont choisi de nommer leur mission. La mission, qui a pris place entre l’été et l’hiver 2019, s’est appuyé sur des techniques non-invasives pour analyser les différentes offrandes découvertes, notamment des jarres et des poteries. Celles-ci sont aujourd’hui conservées en Italie, dans les collections du Musée égyptien de Turin. Pour mener sa mission, l’équipe a commencé par envelopper lesdits objets dans des sacs hermétiques, en plastique, mais tout en les gardant dans leurs vitrines d’exposition. A l’aide d’un outil spécial qui caractérise les composés organiques contenus dans les objets sous forme de traces en temps réel, appelé « spectromètre de masse transportable », les archéologues et chimistes ont pu prélever les molécules qui ont été libérées dans les sacs hermétiques. La découverte qui s’en suivra sera pour le moins étonnante…

Les senteurs de l’Egypte antique révélés pour la première fois

Première senteur découverte : celle du poisson séché, nourriture de prédilection des anciennes civilisations égyptiennes. Les chercheurs ont en effet découvert des traces de substances qui renvoient à ce plat très populaire en Egypte antique. L’équipe a également identifié des restes de farine d’orge, de la cire d’abeille, de la résine aromatique de Styras, et des huiles de conservation. A ce jour, l’étude des offrandes est toujours en cours et ne manquera certainement pas de révéler d’autres senteurs après analyse des récipients.