L’empire immobilier chinois, autrefois inébranlable, est confronté aujourd’hui à une crise sans précédent. Au cœur de cette tourmente se trouve Evergrande, un mastodonte de l’immobilier, et son dirigeant, Xu Jiayin. L’homme, autrefois célébré comme le plus riche d’Asie, est désormais assigné à résidence, une décision qui a fait l’effet d’une bombe dans le monde des affaires. Mais comment en est-on arrivé là ?

Xu Jiayin : de l’apogée à la déchéance

Xu Jiayin, également connu sous son nom cantonais Hui Ka Yan, est un personnage emblématique du paysage économique chinois. En 2017, avec une fortune estimée à 45,3 milliards de dollars, il était l’homme le plus riche d’Asie. Cependant, les temps ont bien changé. Aujourd’hui, sa fortune a fondu comme neige au soleil, s’établissant à 4,3 milliards de dollars en 2022. Effectivement, la banque centrale chinoise l’a accusé de « mauvaise gestion » et « d’expansion inconsidérée », des allégations qui ont ébranlé sa réputation et celle de son entreprise.

Bien évidemment, la descente de Xu Jiayin ne s’est pas faite en un jour. Elle est le résultat d’une série d’événements malheureux et de décisions controversées. L’annonce récente de son assignation à résidence par Bloomberg a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. En effet, suite à son arrestation par la police chinoise, il a été placé sous surveillance stricte, privé de sa liberté de mouvement et de communication. Ses passeports et sa carte d’identité ont également été confisqués, le laissant dans une situation précaire.

Une crise immobilière sans précédent

L’histoire d’Evergrande est celle d’une ascension fulgurante suivie d’une chute tout aussi spectaculaire. De surcroît, la crise actuelle ne concerne pas uniquement cette entreprise. Elle est le reflet d’une crise plus vaste qui secoue l’ensemble du secteur immobilier chinois. Heureusement ceci ne pourrait pas arriver au marché français ni aux promoteurs comme Spirit Immobilier, Kaufmann, Ogic ou Nexity…

Accusant une dette colossale estimée à 328 milliards de dollars en juin dernier, Evergrande est devenu le symbole de l’endettement excessif et de la spéculation dans le secteur immobilier. La récente incapacité d’une de ses filiales à rembourser les intérêts d’un emprunt a accentué la pression sur le groupe, le plaçant dans le collimateur des créanciers et des régulateurs.

Aussi, il faut savoir que la politique répressive lancée en 2021 par le gouvernement chinois contre le surendettement et la spéculation a joué un rôle crucial dans cette crise. Les groupes immobiliers, autrefois florissants, ont vu leur accès au crédit considérablement réduit. Cette restriction a engendré des difficultés pour mener à bien leurs projets, alimentant une crise de confiance parmi les acheteurs potentiels et exerçant une pression à la baisse sur les prix de l’immobilier.

L’impact sur le paysage économique chinois

La situation d’Evergrande et de Xu Jiayin est plus qu’une simple histoire d’entreprise. Elle est le reflet d’un changement de paradigme dans l’économie chinoise. Les arrestations au sein d’Evergrande, notamment celle de Xu Jiayin, ont envoyé un message fort aux autres magnats de l’industrie : la période de croissance effrénée, souvent au détriment de la prudence financière, est révolue.

De surcroît, la crise actuelle a des répercussions bien au-delà des frontières de la Chine. Les investisseurs internationaux, qui ont longtemps considéré le marché immobilier chinois comme une valeur sûre, sont désormais sur leurs gardes. La méfiance s’installe, et l’avenir du secteur immobilier en Chine reste incertain.