Et si vous osiez être fragile, pour une fois ? Et si vous sortiez du carcan imposé par la société libérale, où le « faible » n’a pas sa place, au nom d’une prétendue sélection naturelle ? Après tout, nous sommes des êtres humains limités par notre condition. Etre fort en toutes circonstances est une impossibilité physique, émotionnelle. D’où notre question : est-ce une faiblesse de reconnaître sa vulnérabilité ? Rien n’est moins sûr…
La faiblesse est-elle un tort ?
Reconnaître sa vulnérabilité peut-il être perçu comme une faiblesse ? Cela dépend de votre « audience ». Face à un bourreau, montrer sa vulnérabilité peut être assimilé à un aveu de faiblesse. Pire encore, il donne une nouvelle dimension à son sentiment de satisfaction. La famille, cette cellule de réconfort où règne la gratuité de l’échange est le terrain propice à la spontanéité et à l’absence de calcul. Dans ce cadre, reconnaître sa vulnérabilité sera un moyen de justement la dépasser, notamment grâce au soutien d’un parent, d’un frère, d’une sœur ou d’un conjoint. A ce propos, nous vous renvoyons à l’excellent article sur la vulnérabilité d’autrui et de soi-même de Jean Jacques Perrut.
Reconnaître sa vulnérabilité est une force !
Dans l’idéal sociétal, dopé par la légende de « superman », on nous demande d’être forts et invulnérables. Les gagnants performants, les fameux « winners », sont mis sur un piédestal. Ce n’est rien de plus qu’un rêve de toute-puissance qui sera vite rattrapé par la réalité de la vie. Et si on vous disait que la vraie force réside dans le fait d’assumer ses faiblesses, les limites imposées par la condition humaine. De manière assez paradoxale, accepter sa vulnérabilité, et la reconnaître, nourrit notre confiance en nous-mêmes. Assumer ses faiblesses, c’est faire un état des lieux de notre être. Cela nécessite une forme de retrait propice à la reconstruction, à la reconstitution. Une période de convalescence dont nous sortons plus forts, prêts à affronter les affres de la vie, de manière sereine et assagie.