Dans un communiqué officiel, le bureau des droits de l’homme des Nations Unies a accusé directement les forces de sécurité colombiennes de faire un usage excessif de la force pour atténuer les récentes manifestations survenues début mai dans la ville de Cali. Ce rapport précise par la même occasion que des décès furent enregistrés parmi les manifestants (19 au minimum), qui protestaient contre les récentes réformes fiscales. Boris Lefebvre nous en dit plus dans cet article.

Des affrontements meurtriers

Le bureau du médiateur colombien a estimé à 17 le nombre de manifestants décédés depuis le début des émeutes. Un chiffre qui a augmenté à cause de nouveaux affrontements qui ont eu lieu à Cali, la troisième plus grande ville de Colombie.

Selon Marta Hurtado, la porte-parole du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, l’ONU a reçue des données révélant des violences extrêmes dont furent victimes les défenseurs des droits de l’homme en Colombie. Ces informations font état également d’un nombre important de morts et de blessés parmi les manifestants.

Interrogée par des journalistes à Genève, elle a indiqué : « Ce que nous pouvons dire clairement, c’est que nous avons reçu des rapports, et nous avons des témoins, (d’) usage excessif de la force par les agents de sécurité, de tirs, de tirs à balles réelles, de passages à tabac de manifestants et aussi de détentions ».

Pour rappel, des manifestations ont également eu lieu à Medellin, Bucaramanga et la capitale Bogota.

Qu’est-ce qui a déclenché les protestations ?

Les manifestations qui ont commencé le 28 avril dernier, sont dues principalement aux réformes fiscales qui furent abandonnées par la suite. Ces réformes furent imposées dans un premier temps par le gouvernement colombien car il les estimait nécessaires pour contrer les effets d’une crise économique grave, résultant de la pandémie du Covid-19. En 2020, il faut rappeler que la Colombie a vu son PIB chuter de 6,8%. Il s’agit de la plus grande perte depuis un demi-siècle.

Les réformes proposées par les autorités avaient pour but de baisser le seuil à partir duquel les salaires sont imposés. Une décision qui a directement provoqué l’indignation de la classe moyenne dont le pouvoir d’achat a sensiblement baissé ces dernières années.

Pourquoi les gens sont-ils toujours dans les rues ?

Malgré l’abandon des réformes par le président colombien Ivan Duque, les grèves continuent dans les plus grandes villes de Colombie. Une grève nationale a d’ailleurs été décrétée pour la première semaine de mai, car les manifestants estiment que le retrait des réformes fiscales était loin d’être suffisant. Ces derniers exigent également des améliorations des systèmes de santé, d’éducation et de retraite dans le pays.

Les manifestants protestent également contre l’usage de force dont ils ont souffert et qui a fait plus de 800 blessés lors des affrontements entre eux et les services de police.

Il s’agit donc d’un réel séisme social, dont les répercussions politiques et économiques vont être conséquentes.