Avec un total d’environ 6 400 milliards d’euros en 2024, l’épargne financière des Français témoigne d’une prudence tenace. Si les livrets réglementés et les assurances-vie en euros dominent largement leurs choix, les placements en actions ou unités de compte se taillent néanmoins une part significative, même si minoritaire.
Cette préférence très marquée pour la sécurité financière se confirme dans les statistiques récentes. Près de 60 % des avoirs financiers des ménages français restent investis sur des supports considérés comme sûrs. Les livrets d’épargne réglementée, comme le Livret A, le LDDS ou encore le Livret d’Epargne Populaire (LEP), figurent ainsi en bonne place dans la plupart des foyers français. De fait, plus de 85 % des ménages possèdent au moins un livret réglementé, attirés par leur fiscalité avantageuse, leur simplicité et la sécurité offerte par ces produits. Même l’épargne logement reste attractive, accessible à tous les âges, notamment en raison des perspectives de crédit immobilier associées, malgré un rendement souvent limité face à l’inflation.
Un rapport au risque toujours prudent malgré quelques évolutions
Pour autant, le spécialiste Prodemial constate que la prudence extrême commence doucement à céder du terrain, laissant une part croissante aux placements jugés plus risqués. Désormais, environ 40 % des avoirs financiers des Français sont investis en supports plus dynamiques : actions cotées ou non cotées, assurances-vie en unités de compte, obligations et même cryptoactifs. Parmi ces supports, l’assurance-vie reste indétrônable, séduisant environ 41 % des Français avec plus de 2 000 milliards d’euros sous gestion. Une enveloppe qui attire grâce à sa souplesse, sa fiscalité avantageuse et ses possibilités variées d’investissement, du fonds en euros sécurisé aux unités de compte plus risquées mais potentiellement plus rentables.
A côté, la Bourse connaît un regain d’intérêt significatif. En 2020, seulement 6,9 % des Français détenaient directement des actions, contre 12,5 % en mars 2024. Cet engouement renouvelé pour les marchés financiers est encore plus marqué dans les intentions d’investissement relevées par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF). En effet, début 2025, près de 30 % des Français interrogés envisageaient sérieusement d’investir en Bourse au cours des prochains mois, un chiffre bien supérieur aux 18 % enregistrés en 2017.
La jeunesse, nouveau moteur de l’investissement à risque ?
La tendance à s’aventurer davantage dans l’investissement dynamique est particulièrement marquée chez les jeunes générations. Longtemps restés à l’écart des marchés financiers par manque de patrimoine disponible ou simplement par prudence, les moins de 35 ans montrent aujourd’hui une appétence accrue pour les placements risqués, actions comme cryptoactifs. D’après la Banque Centrale Européenne, près de 9 % des Français détenaient des cryptoactifs en 2024, un chiffre qui peut sembler modeste, mais qui est en forte augmentation comparé aux 3 % observés deux ans auparavant. Et le phénomène pourrait encore s’amplifier, car les nouvelles générations manifestent clairement leur intérêt pour ces supports alternatifs.
Toutefois, l’impact économique de ces investissements demeure modéré, avec des montants investis dans les cryptoactifs qui restent globalement limités, signe que cette tendance émergente relève davantage d’une diversification prudente que d’une ruée aveugle vers le risque.
Un équilibre prudent mais en évolution constante
Ainsi, l’épargne des Français reste dominée par la prudence, même si les crises récentes – notamment celle du Covid-19 – ont modifié durablement leur comportement d’épargne. En quelques années seulement, le taux d’épargne financière est passé de 4 à 7 %, preuve que les Français économisent davantage, mais aussi qu’ils commencent à accepter, à petites doses, un certain niveau de risque dans leurs choix financiers. Reste à savoir si cette prudente ouverture vers le risque perdurera ou restera éphémère.