Annoncée en grande pompe par le président américain sortant Donald Trump, la normalisation des relations entre le Maroc et Israël a suscité des réactions diverses du côté marocain et israéliens. Boris Lefebvre nous en dit plus !

Maroc/Israël : des liens ancestraux

En Israël vivent plus d’un million de juifs d’origine marocaine. De même, environ trois milles juifs continuent de vivre au Maroc qui est visité chaque année par environ soixante-dix mille israéliens. La présence d’une communauté juive au Maroc quant à elle remonte à des siècles ! Des liens ancestraux se sont donc tissés entre les juifs venus d’Andalousie pour la plupart et le Maroc qui les a accueillis. Malgré une vague d’immigration massive vers Israël dans les années 60, les juifs marocains n’ont jamais perdu les liens qui les relient à leur terre natale. Le pays compte toujours un bon nombre synagogues, de musées et d’écoles juives. Ces éléments expliquent pourquoi la normalisation des relations entre Rabat et Tel-Aviv fut très bien accueillie par une grande partie de la société marocaine, malgré les réserves des courants conservateurs.

En apprenant la nouvelle, la communauté juive marocaine n’a pas pu retenir sa joie. Une joie qu’elle a vivement exprimée sur les réseaux sociaux et les médias nationaux. Du côté d’Israël, l’enthousiasme fut le même. En effet, plusieurs ministres du gouvernement israélien actuel, et membres du Knesset sont d’origine marocaine. Dans une vidéo publiée le 13 décembre dernier, Amir Peretz a déclaré : « Je suis né au Maroc, à Boujad, et j’ai l’impression que mon rêve est devenu réalité ».

Un rapprochement aussi bien politique qu’économique

Dès l’annonce de la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, plusieurs rencontres furent organisées entre les ministres des deux pays. Durant ses réunions bilatérales il était question d’établir des collaborations sur le plan économiques qui vont bénéficier aussi bien au royaume chérifien qu’à l’État hébreux.

Il faut savoir que le rapprochement Tel-Aviv/Rabat intervient au moment où l’administration américaine a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental. Cette zone riche en ressources naturelles va donc être très convoitée par les investisseurs internationaux, surtout quand on sait qu’elle constitue une liaison directe avec l’Afrique Sub-saharienne et une ouverture supplémentaire sur l’océan atlantique.

Pour Israël il s’agit d’une réelle opportunité pour pénétrer de nouveaux marchés, et de diversifier ses investissements dans des pays au fort potentiel dans le continent africain, dont figure le Maroc.

Inquiétudes concernant la normalisation

Il faut savoir que le roi du Maroc Mohammed VI préside le comité Al Qods de l’Organisation de la coopération islamique (OCI). Celle-ci appelle à la création d’un Etat palestinien indépendant et se charge de lui fournir un soutien financier conséquent. La normalisation entre le Maroc et Israël a donc soulevé quelques doutes sur l’engagement de Rabat envers la cause palestinienne, un doute que le monarque marocain a tout de suite tenu à dissiper en instant sur le fait que la Palestine avait autant d’importance pour le Maroc que le Sahara Occidental.