La France a besoin d’aides à domicile dès aujourd’hui, et encore plus demain. On parle de près de 160 000 emplois supplémentaires d’ici 2022. Un chiffre qui n’a rien de surprenant, dans un contexte de vieillissement de la population et de départ prochain de nombreux salariés à la retraite. Le point sur le sujet dans la suite de cet article.
Un secteur qui a du mal à recruter
Si la crise sanitaire nous a ouvert les yeux sur une chose, ce serait le rôle crucial des aides à domicile dans l’accompagnement des personnes les plus vulnérables. Mais force est de constater que le secteur a du mal à recruter. Si la crise que nous traversons a une vertu, c’est celle de modifier le regard porté sur le métier d’aide à domicile, de le valoriser, de le remettre à la place qui est la sienne. Durant le confinement, les aides à domicile ont contribué à prendre soin des personnes qui en avaient le plus besoin. Avec le vieillissement de la population en France, on aura encore plus besoin d’aides à domicile.
Se pose alors la problématique du recrutement. Notons d’emblée qu’elle n’est pas liée à la perception que l’on peut avoir du métier. Les aides à domicile ont tout à fait conscience du sens et de la valeur que porte leur profession, et ils en sont fiers. Le problème du recrutement trouve son origine dans la rémunération. Car il faut savoir que le métier d’aide à domicile est généralement rémunéré comme un emploi à temps partiel avec une durée moyenne de 25 heures, alors que la réalité du terrain est toute autre. Souvent, le travail commence très tôt, dès 7h du matin, voire plus tôt, pour ne s’achever qu’aux alentours de 19h passée. Il faut compter avec les nombreux déplacements, les risques d’accidents du travail, le stress et l’épuisement… Vous l’aurez compris, ces emplois sont loin d’être à temps partiel. Pourtant, ils sont souvent rémunérés comme tels.
Comment améliorer l’attractivité du métier ?
Pour François-Xavier Devetter, professeur d’économie à l’université de Lille et auteur de « Socio-économie des services à la personne », une organisation différente pourrait améliorer l’attractivité du métier d’aide à domicile. Selon lui, il existe des modèles d’organisation en équipe (avec un binôme par exemple) qui permettent d’aboutir à des emplois du temps plus raisonnables, évitant ainsi les fortes amplitudes. Aussi, notons que certains employeurs œuvrent à l’amélioration de l’indemnisation des temps de transport, et proposent aussi des avantages tels que les tickets restaurants, une mutuelle, la prise en charge des factures de téléphone, une voiture de fonction… Par ailleurs, l’attractivité de la filière passerait aussi par une revalorisation de l’offre de formation, mais aussi, et surtout, par une hausse du niveau actuel de rémunération. Il est aujourd’hui impératif de résoudre la problématique de l’attractivité de la filière aide à domicile. Pour vous en convaincre, un chiffre : 4 millions ! Selon l’Insee, ce sera le nombre de personnes âgées dépendantes en France à l’horizon 2050, soit près de 2 millions de plus qu’en 2005.